juliendemangeat

Accatone
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Publié le 5 juin 2012
Cela débute plutôt bien avec une galerie de personnages très réussie qui promet de beaux moments comiques. Mais à l’heure de jeu ça commence à patiner sec. Comme si après une longue mise en place Burton ne semblait plus quoi faire de son beau joujou. En déroulant platement une histoire dont apparemment il se fiche éperdument il se tire une balle dans le pied. Déjà dans Alice on avait cette absence de rythme qui plombait l’ensemble mais ici c’est bien pire. Rarement on aura eu une telle impression de déconnexion entre une mise en scène très ambitieuse et un scénario dont l’enchainement de trop nombreux rebondissements ne font que révéler la platitude de l’ensemble.

Publié le 3 mai 2012
Moins qu’un film Shame est une pénible démonstration de savoir-faire. Sa proposition esthétique tourne rapidement à vide tant elle ne sert jamais son propos, ne cessant de l’édulcorer avec des images chic et une musique omniprésente (le suicide sur fond musical, on croit rêver…). D’un sujet dur et exigeant il tire un objet précieux qui ne se confronte jamais à son sujet mais reste en surface. Les scènes les plus réussies sont les scènes d’atmosphère, qui situent le film dans sa dimension plus esthétisante qu’esthétique. Mais dès qu’il cherche à percer cette sphère, on se retrouve dans l’arbitraire car Mc Queen ne semble pas savoir quelle direction donner à ses personnages. Leur nature et leur identité restent superficielles et grossièrement dessinées. On voit Brandon pleurer au concert, il est donc humain. Bravo quel scoop, mais encore. Il est méchant avec sa sœur, animal en amour et foncièrement égoiste, indifférent aux sentiments. Tous ces traits de caractère ne sont qu’accumulation mais ne font pas un personnage. Sur le plan moral on est aussi dans l’amalgame, il serait une mauvaise personne (ou pire malade) car obsédé sexuel. Merci pour la belle leçon de puritanisme (sûrement involontaire car cette obsession fleure bon la métaphore). Dans une des scènes finales notre anti-héro au visage toujours aussi vide d’expression tombe à genoux et s’apitoie sur lui-même... Cette scène au pathos évident atteste de la vanité de cette entreprise moralement plate et artistiquement douteuse.

Publié le 26 avril 2012
Ce qui frappe d’emblée dans Twixt c’est sa sidérante beauté. L’esthétique est chez Coppola, plus que chez tout autre, le point central de la mise en scène revendiquant ainsi un certain classicisme. C’est ce souci esthétique qui domine le film plutôt que l’intrigue, les personnages ou un sens caché quelconque (même si VB nous rappelle qu’il y a une tragédie personnelle derrière tout ça). Tout est d’ailleurs d’une extrême clarté ici et le film se joue étrangement au présent, sans attente véritable, puisque c’est la fascination visuelle qui nous tient en aleine de bout en bout. C’est même avec une dilettante certaine que Coppola mène son film, se jouant de toute progression narrative tant celle-ci serait de trop dans un écrin d’une telle beauté. Ainsi on navigue entre rêve et réalité, roman et histoire personnelle, passé et présent avec une facilité qui enlève tout esprit de sérieux et qui fait cependant cohérence. Car dans les scènes ultimes tous ces points de vue seront mélangés jusqu’à nous faire accepter une réalité finalement aussi sordide qu’anodine. Cette fin qui frise le pastiche sera le point d’orgue de cette mise en abîme qui tend tout le film : il faut une fin en béton (l’expression Bullet proof étant plus drôle) demande l’éditeur, une fin n’est qu’une triste nécessité répond Coppola qui nous livre comme un pied de nez la fin la plus triviale qu’on puisse imaginer.

Publié le 22 mars 2012
Chronique d’une journée très particulière en même temps que le portrait au plus près d’un homme qui ne trouve plus de raisons de vivre, Oslo… nous saisit autant par le naturel confondant avec lequel Anders Lie fait corps avec son personnage que par sa sincérité formelle. Ne forçant jamais le trait d’un genre particulier (ni trop réaliste, ni trop écrit, ni trop « épidermique ») le film trouve rapidement son rythme, sa respiration propre. Très libre dans sa narration puisqu’il s’agit de suivre le protagoniste au gré de ses humeurs, il n’est jamais amer mais suit la pente lucide d’une dépression irrémédiable. Encore un très beau film (après Gogo tales et la folie Almayer) proposé par le Galeries Cinéma.

Publié le 19 mars 2012
Dans un style romanesque Akerman signe un film épuré, d’une grande sobriété. Minimaliste de prime abord, il renferme en fait un drame intense, celui d’une vie ratée car non voulue et qui se résumera à un long cheminement vers la folie. Ce style littéraire vient de sa capacité à sonder les âmes, à capter le mouvement intérieur des êtres. Elle y arrive par une économie de geste et par une surexposition des décors. Ceci grâce à une approche très sensitive, notamment par une bande sonore très présente. Les personnages y apparaissent isolés et fébriles, d’une transparence qui nous permet de lire à l’intérieur d’eux-mêmes. Cela pourrait donner un drame intimiste et torturé mais paradoxalement sa dimension littéraire en fait un film ample, d’une beauté tranquille et souveraine.

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