juliendemangeat

Accatone
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Publié le 14 novembre 2012
Ca commence par une bonne nouvelle : Judi Dench et son sentencieux personnage disparaissent de nos écrans. Sans doute son remplaçant apportera un peu d’esprit à une série qui commence à manquer cruellement. Pour preuve, en ouverture on a droit à une scène d’action musclée ou J.B casse à peu près tout ce qu’il touche et déambule dans Istamboul comme si c’était son terrain de jeu. Un peu gênant mais annonciateur de la description qui sera faite des agents secrets tout au long du film : des êtres plus mécaniques que cyniques qui ne vivent que pour l’action et au mépris du reste. On pense à une analyse critique de la raison d’état et de leurs serviteurs. Non, une fois de plus on est dans l’explication par la nécessité (il faut le faire) voir par la fatalité (nous ne pouvons être que ce que nous sommes). Mais pourquoi donc ce besoin de se justifier au risque de démystifier notre héros. Les auteurs seraient-ils génés de ce que J.B est devenu en l’excusant par une enfance incomplètement vécue. Alors que justement sa froideur et son arrogance ont toujours donné ce côté obscur qui faisait le charme de la série. A quoi bon faire vaciller ce pilier. Ou alors serait-ce par un manque d’imagination qui conduit souvent à utiliser comme béquille la psychologisation outrancière des personnages. Car au final c’est l’heure des grandes révélations, J.B serait un dur car ses parents sont morts prématurément, fascinant. Et il remplacerait sa famille défunte par son boss, consternant. Cette pseudo humanisation d’un tueur est bien dans l’air du temps, celle ou la domination et la force ne s’assument plus au regard du public, il faut donc lui complaire en l’apitoyant. Fort heureusement Mendès est particulièrement à l’aise dans une série qui revendique de plus en plus l’action. Il excelle dans un genre périlleux : la fuite en avant. Dès lors que Bardem entre en scène le film d’action pur s’emballe avec ce que cela suppose de distanciation ludique (nos deux héros jouant l’un avec l’autre). Et ceci au mépris d’une cohérence narrative, ce qui relègue l’intrigue psychologique au second plan. Mendès n’arrive pas à prendre tout cela au sérieux et tourne la scène finale avec une ironie évidente qui rend cette introspection de pacotille parfaitement dérisoire. Ouf de soulagement de voir qu’un metteur en scène de blockbuster peut encore piétiner allègrement un scénario à la noix.

Publié le 30 octobre 2012
Si l’on est emporté au début par l’abandon total des acteurs dans le jeu qui leur est proposé cela commence à coincer quand le jeu devient dramaturgie. Assez rapidement on se retrouve devant ce fait incompressible, l’émotion théâtrale ne passe pas au cinéma. On a beau comme Resnais usé d’un dispositif ingénieux, le texte prend trop de place et rend superflu toute mise en scène. Resnais a tenté le pari fou de mélanger la subtilité du cinéma avec l’expressivité sans retenue du théâtre. Quand bien même c’est l’acteur en tant qu’être vibrant qui est visé il n’en reste pas moins un acteur qui joue un texte, et c’est ce même texte qui prendra toujours le dessus. Si l’on n’est pas dans le simple théâtre filmé on est dans un genre hybride, mort-né comme toutes les tentatives de conciliation entre le théâtre et le cinéma.

Publié le 9 octobre 2012
Filmer la misère sociale et culturelle américaine avec la distance ironique d’un Tarentino c’est le pari réussi de Friedkin. Comme s’il avait voulu reprendre à son compte les codes tarentiniens tout en démythifiant son american way of life, en rappelant la dureté qui se cache derrière les arnaques sordides. Cela fonctionne, parce que la galerie de personnages est plutôt drôle. Mention spéciale pour Mc Conaughey qui joue un Joe avec une perversité très pointue. Seule une bonne direction d’acteur pouvait permettre ce genre d’excès sans générer de lourdeur.

Publié le 8 octobre 2012
Avec Wrong Dupieux poursuit son œuvre sur l’aliénation en dessinant ici un monde absurde. S’il ne retrouve pas la fraicheur de Steak, il en conserve la même obsession d’une dislocation affective des êtres les plus fragiles, toujours manipulés par une figure dominante et névrosée (ici W.Fichner plutôt drôle). Mais dans tout cela guette un certain académisme comme ce fut le cas pour les frères Cohen début des années 2000. En témoigne une impression de déjà vue avec les bureaux sous la pluie par exemple. Heureusement émergent de très belles idées qui maintiennent une tonalité comique notamment tous ces mystérieux rappels de rendez-vous qui surprennent à chaque fois.

Publié le 8 octobre 2012
Si le film se veut attachant de par son sujet (quoi de plus touchant qu’une femme retrouvant son enfance), il n’en reste pas moins beaucoup trop plan-plan dans son traitement. Faisant fonctionner ce décalage permanent entre ce qu’elle est (une adulte) et ce qu’elle est aux yeux des autres (une ado) elle aligne les scènes trop attendues que ce petit détail (ce fameux décalage) devrait transcender. Il n’en est rien, preuve qu’une bonne idée de départ trimballée tout au long d’un film finit par s’épuiser très rapidement. Trop centré sur son personnage principal, le film a du mal à décoller tant les autres protagonistes se bornent à constater cette étrangeté. Ayant toujours un coup d’avance, Camille est dans des situations dont elle a trop conscience et qui ressemblent plus à un environnement mental figé qu’à des scènes de vie propres à générer un supplément d’âme.

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