Joysurfer

Joysurfer
  • Membre depuis le 01/10/2014
  • Nombre de critiques : 40
Publié le 22 novembre 2014
Etant revenu d'un tour du monde il y a quelques mois, j'étais assez client du pitch, avec la légère appréhension que le film me donne la cruelle envie de repartir sur les routes. Ça n'a pas été le cas. On assiste à une pénible accumulation de clichés, tant sur le thème du parcours initiatique que sur les continents visités. La recherche du bonheur selon Hector passe forcément par une retraite spirituelle sur les sommets asiatiques, la rencontre avec un gourou inspirant, de jolis drapeaux de couleur qui flottent dans l'air pur des hautes altitudes, la discussion avec un enfant africain souffrant mais souriant, le bénévolat dans un hôpital de la brousse, le repas dans une famille africaine accueillante, et j'en passe. L'Asie sera obligatoirement présentée comme un mix entre villes grouillantes et monastère perchés sur une montagne, l'Afrique comme un mélange entre gens souriants qui dansent autour de la table ou dans la rue et traficants armés et les États-Unis seront surtout ceux de la villa avec piscine dans une banlieue résidentielle ou de la plage avec cabanes de sauveteurs. Et tous les personnages rencontrés par notre psy excentrique seront évidemment parfait bilingues et lui sortiront tous une petite maxime choc (mais surtout cliché) à noter dans son carnet de réflexions. La réalisation poussive ne nous épargnera pas non plus l'effet bateau d'Hector qui se revoit en petit enfant perdu tout au long du film dauf à la fin où l'enfant est devenu adulte et n'est plus perdu, l'épilogue tant convenu selon lequel on n'est jamais mieux que chez soi en fin de compte et on frôlera enfin l'écoeurement avec la morale de l'histoire : "nous avons tous l'obligation de trouver le bonheur" ! Autant dire que n'importe quel psy verra tout de suite le potentiel dépressif d'un tel postulat. Au final, il apparaît paradoxal que le premier quart d'heure du film, avant que notre apprenti globe-trotter ne découvre le monde, soit le meilleur grâce à quelques scènettes amusantes, et que la conclusion d'une quête du bonheur soit une maxime coercitive et stressante. "Hector et la recherche du bonheur" ou "La quête initiatique autour du monde pour les nuls"...

Publié le 6 novembre 2014
Premier long métrage de Fallah et El Arbi, Images est louable pour deux raisons, l'une tenant au fond, l'autre à la forme. Premièrement, il y a l'intention louable de "déstigmatiser" une communauté souvent victime de préjugés négatifs auxquels contribuent les médias. Ensuite, quelle agréable surprise de voir un film belge réalisé de manière moderne, parfois nerveuse, qui se démarque (enfin) des tranches d'ennui ou de quotidien bobo filmées en gris et verdache trop souvent rencontrées dans notre cinéma national. Et puis, il y a presque un symbole qui se dégage d'un film belge tourné en flamand et en français par deux réalisateurs d'origine marocaine. Ça aussi c'est réjouissant... Passé cette fraîcheur bienvenue, Images contient aussi quelques défauts. Si d'un côté, le récit expose avec justesse les facteurs qui rendent plus difficile l'intégration socio-professionnelle des jeunes issus de la communauté maghrébine bruxelloise (préjugés, précarité, influence du quartier, pression des caïds sur les gamins...), on aurait aimé un peu plus de nuances dans le propos. Le spectateur avisé gardera à l'esprit que ces conditions n'imposent pas non plus à ces jeunes une sorte de déterminisme socio-géographique qui exclurait tout libre arbitre de leur part. On tiquera aussi sur un scénario qui aurait gagné à être plus développé et sur des épisodes aussi démagos qu'inutiles (le caïd au grand coeur tabasse un présumé pédophile, preuve que c'est donc censé être un chic type dans l'fond) On regrettera aussi la fin du film, dont la crédibilité a été sacrifiée au profit de la démonstration appuyée selon laquelle les médias sont en grande partie responsables des préjugés racistes et partant, du cercle vicieux de la violence. De bonnes intentions, certes, mais au prix d'un manque de finesse évident. Tout ceci ne gâchera cependant pas cette agréable impression de renouveau bienvenu dans le cinéma belge...

Publié le 29 octobre 2014
1944. Allemagne. Fin de la guerre. La capitulation est proche mais les combats persistent. Le sergent américain Don est chef à bord de son char baptisé Fury et veille sur son équipe. Il va devoir accueillir Norman, jeune recrue fraîchement débarquée dans ce bourbier, promis à la dactylographie mais promu mitrailleur suite à un manque d'effectifs, et dont les idéaux vont vite se heurter à la dure réalité de la guerre. Tout comme ce jeune bleu, le spectateur va être plongé sans ménagement la tête dans la gadoue et le sang. Fury est un film de terrain, filmé au ras des tranchées, au plus près des obus et des tirs, en plein milieu des campagnes morbides où tout peut basculer en une fraction de seconde, et voir le répit se transformer en horreur. Peu scénarisé (le récit est un enchaînement de séquences d'action et de scènes où les protagonistes échangent, discutent, et se dévoilent), le film n'aborde pas la guerre sous l'angle de la stratégie militaire ou de la géopolitique globale mais bien sous celui des exécutants, des "petites mains" du combat. A l'image de son personnage, Brad Pitt fait le boulot en vieux briscar mais on retiendra surtout la prestation de Logan Lerman dont le visage poupon et les grands yeux bleus naïfs incarnent parfaitement le gentil idéaliste plongé en plein cauchemar, si bien qu'on a l'impression de voir "Charlie à la guerre" (Lerman s'était révélé en lycéen écrivain et utopique dans Le Monde de Charlie). Car c'est bien Norman le personnage-clé du récit, celui qu'on voit évoluer (les autres sont déjà blazés) et auquel on peut facilement s'identifier en tant que "non-professionnel de la guerre". La Beouf, Bernthal et Pena sont quant à eux rélégués au quasi-rang de tapisserie. Si certains jeunes d'aujourd'hui en quête d'identité et d'action rêvent d'aller guerroyer à l'étranger pour s'extirper de leur ennui quotidien, qu'ils aillent voir Fury d'abord, l'envie leur passera certainement...

Publié le 28 octobre 2014
Précédé par d'excellentes critiques et par l'aura du très bon best-seller dont le film est adapté, Gone girl peut au final s'avérer un peu décevant si on nourrissait de trop grandes attentes à son égard. Mais le film est loin d'être mauvais ou "trop américain" comme j'ai pu lire, ce qui au passage ne veut strictement rien dire, Boyhood et Transformers 4 étant tous deux des produits du pays de l'oncle Sam. La première partie durant laquelle on assiste aux développements de l'enquête est la meilleure. C'est bien construit et on cogite en parallèle avec les inspecteurs : le mari apathique est-il le coupable (trop) idéal ou la solution la plus simple est-elle parfois la bonne ? Affleck est adéquat dans son rôle de mari amorphe, distant et quasi dépressif (certains n'ont peut-être pas compris que c'était son rôle). Bien réalisé, Gone girl est non seulement un thriller qui captive mais également une satire corrosive du mariage et une critique virulente du journalisme sensationnaliste du fait divers et de cette presse qui fait et défait les héros et les ennemis publics numéro un aux Etats-Unis. Il n'en reste pas moins que la fin choisie par Fincher peut apparaître comme insatisfaisante (située à mi-chemin entre subversivité et justice logique, elle décevra les adeptes de l'une ou de l'autre) et que le réalisateur est forcé de s'appuyer sur quelques incohérences pour y arriver. En outre, et malgré ses points forts, il s'agit d'un Fincher assez conventionnel. Il est loin le temps de Fight Club ou de Seven...

Publié le 19 octobre 2014
Comme d'habitude, Besson tient une bonne idée de départ... avant de la foutre en l'air ! Qu'arriverait-il si on exploitait plus que 10-15% de notre cerveau ? La question est posée via le pitch acceptable selon lequel Lucy, jeune femme paumée, ingère une substance qui permet le déblocage de ses facultés mentales. Dommage que les scénaristes n'aient pas fait de même... Le postulat initial n'est qu'un prétexte à une débauche navrante d'invraisemblances et au délire bessonien. Ce qui sauve le film : la prestation choc de Scarlett Johansson. La vraie question qui demeure à la fin du film : que serait-il arrivé si les scénaristes avaient utilisé plus que 1% de leurs cerveaux ? On ne le saura jamais...

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