Doryan

Doryan
  • Membre depuis le 09/05/2006
  • Nombre de critiques : 55
Publié le 5 janvier 2015
Nettement moins somnolent que le second volet, cet opus final parvient à conclure la trilogie du Hobbit sur une note positive. A l'instar du "Retour du roi" qui parachevait la triologie LOTR avec une profusion de combats épiques, ce troisième volet joue nettement plus la carte de l'action que ses deux prédecesseurs, même si c'est ici avec une passion amoindrie. Sinon, le film continue à souffrir du même mal qui rongeait déjà les deux premiers volets: une narration qui se plait à surexploiter ou à tirer en longueur tout ce qu'elle peut du livre dont elle s'inspire, histoire d'avoir assez de matériel pour nous vendre trois films de près de 3 heures chacun, là où un deux films au grand maximum auraient largement suffi ("le Hobbit" n'étant à la base qu'un récit de 300 pages à peine). La tentation de faire revivre le paysage d'une trilogie originale devenue quasi-mythique était sans doute trop forte (et commercialement trop tentante). Cela mis à part, ce Hobbit 3 honore son contrat en proposant un bon spectacle.

Publié le 3 janvier 2015
Un petit moment de bonheur cinématographique. Humour, chansons et tendresse entremêlées pour composer un film humain, touchant et très doux. Pas de méchanceté ni d'humour noir, juste de l'humanité sonnant vrai, servie à merveille par un jeu d'acteurs très juste et un scénario sur le thème toujours porteur de l'accomplissement personnel. Allez le voir si vous attendez du cinéma autre chose que des CGI ou des combats à grande échelle. Une belle surprise qui détonne joliment dans un paysage cinématographique plutôt morose. La preuve qu'il y a encore moyen de faire rimer cinéma et émotion autrement que par l'excès ou la fioriture.

Publié le 3 janvier 2015
“Les 10 commandements” de Cecil B De Mille souffrent sans doute, près de 60 ans après leur production, d’un aspect suranné qui peut rendre leur vision contemporaine quelque peu agaçante ; le côté ronflant, pompeux, et compassé des dialogues et de la gestuelle apparaîtra sans doute aujourd’hui comme dépassé, datant inévitablement le film dans son époque - celle des années 50 - et marquant aussi l’empreinte de la manière un peu naïve avec laquelle les films bibliques étaient alors traités. Mais tout désuet qu’il puisse paraître de nos jours, l’ouvrage n’en réussit pas moins encore aujourd’hui à insuffler une certaine dose d’émotion lors de sa vision, parce qu’il a toujours contenu ce qui fait cruellement défaut à cet « Exodus » contemporain qui se veut son remake: une âme. Or, c’est ce que l’on cherche désespérément dans le film de Ridley Scott, sans jamais parvenir à la ressentir : une émotion palpable, un souffle épique, une exaltation liée au sujet et à son abord. Hélas, sur ce plan, le film est un ratage complet. Ridley Scott nous sert une mise en scène minimaliste qui ne permet jamais l’adhésion avec le personnage central – Moïse – dont on ne sait même pas s’il croit lui-même ou non à la mission qui lui est dévolue. Le jeu monocorde de Christian Bâle n’y aide pas non plus, il faut bien le dire. Le personnage de Ramsès (très mal interprété) apparaît tiraillé entre des pôles contraires et ne présente au final qu’une personnalité plutôt inconsistante. Les rôles secondaires sont réduits et sous-exploités (pourquoi engager Sigourney Weaver pour 5 minutes d’apparition et 4 phrases ?) et n’ont pas grand intérêt, surtout au vu des raccourcis que prend le récit. La photographie, assez sombre et grisâtre, ressemble à celle d’un documentaire historique. Quant au scénario, il semble jouer au funambule entre une approche religieuse et guerrière du thème de l’Exode, dont aucune ne s’impose vraiment en définitive, ce qui ne lasse pas de désorienter et d’empêcher une accroche émotionnelle dans un sens ou un autre. Comme si les scénaristes n’avaient voulu faire ni trop religieux ni trop peu, histoire de contenter un public pluriel, et de laisser chacun libre de comprendre les motivations profondes de l’histoire comme il l’entend. Le choix de dépeindre Dieu sous les traits d’un garçonnet quelque peu belliqueux a de quoi étonner aussi. Pas sûr que tout le monde y accroche. Les décors en CGI, omniprésents, sont certes impressionnants mais ne suffisent pas à combler le manque d’émotion et de cohérence dans le traitement du récit. L’empathie avec les personnages n’en devient pas moins inexistante, et c’est le gros point faible du film. Il y a certes des séquences mieux réussies que dans le film de 1957, tel le passage de la mer Rouge (présenté ici de manière plus réaliste au moyen d’une marée basse), ou les plaies d’Egypte, mais ici comme ailleurs, les effets spéciaux n’ont jamais été un palliatif au manque d’inspiration et ne suffisent pas à le faire oublier. Bref, on a connu Scott bien plus inspiré que dans cet Exodus dont on peut se demander au final s’il était bien le metteur en scène le plus à même de le diriger. On ne peut s’empêcher de se demander par exemple si le traitement qu’un Spielberg aurait pu faire d’un tel sujet n’aurait été plus abouti. Exodus échoue dramatiquement là où Gladiator ou même Kingdom of Heaven réussissaient davantage: à inspirer une émotion qui fasse adhérer, qui donne âme et consistance au récit, et qui lui confère surtout une identité. Une identité qui est sans doute ce dont le film est le plus départi. Une déception de taille vu l’affiche promise.

Publié le 16 novembre 2014
Un film tourmenté comme les affres de l’adolescence, une vision intimiste d’une relation entre deux jeunes filles qui démarre comme une amitié et se termine en violence ; une première réalisation plutôt réussie pour Mélanie Laurent qui adapte ici avec succès un roman lu durant sa jeunesse, où elle parvient à mêler avec succès observation passive et empathie. Un film brillamment servi de surcroît par deux jeunes et talentueuses comédiennes, sincères et naturelles chacune dans leur rôle, l’une en jeune ado affectée tacitement par la relation orageuse entre ses parents et se cherchant une amitié exutoire, l’autre en mythomane manipulatrice qui parvient à se rendre indispensable à la première. On peut peut-être juste regretter une fin qu’on eut souhaitée sans doute plus subtile et mieux en phase avec l’élision présente dans l’abord du récit préalable. Une œuvre à la violence psychologique remarquablement interprétée et rendue, à la fois irrépressible et incertaine comme l’est l’adolescence. A voir.

Publié le 27 septembre 2014
Le genre "comédie" sur lequel ce film est présenté sur ce site est on ne peut plus trompeur... à mille lieues d'une comédie franchouillarde à laquelle on pouvait peut-être s'attendre au vu du nom des interprêtes principaux, "Elle l'adore" navigue au contraire dans les eaux troubles séparant vaguement le drame du thriller psychologique. L'histoire tient en peu de mots; un chanteur à succès dont la compagne vient de mourrir accidentiellement, sollicite l'aide de l'une de ses plus grandes admiratrices pour faire disparaître le corps selon un plan qu'il a lui-même établi. Mais des imprévus surviennent qui contraignent la fan à improviser une alternative. La suspicion des enquêteurs s'affine à mesure que les indices convergent vers elle, suscitant simultanément l'angoisse de son idole qui craint de les voir trop se rapprocher de lui. Un film au déroulement inattendu, qui parvient aisément à tenir le spectateur en haleine, et bien servi par deux acteurs pourtant abonnés chacun à un registre d'ordinaire bien plus léger. Laurent Laffite campe une crédible idole d'ados, et démontre par là-même que moyennant le bon scénario, il est à même d'exceller dans des rôles éloignés du carcan où on l'avait jusque-là majoritairement tenu. Kimberlain, elle, joue peut-être juste un peu trop dans le détachement, ôtant sans doute une part de vraisemblance à son personnage, mais c'est finalement là un bémol bien léger. Un film à l'histoire prenante, à l'intrigue haletante et au réalisme froid qui le font exceller dans le domaine où il s'inscrit. Une réussite.

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