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“Qui sont les Aliens?” : entretien

Publié le 30 mai 2012 dans Actu ciné

Ridley Scott se demandait pourquoi il n’avait apporté de réponse à cette question simple. Il s’en charge donc dans Prometheus
La barbe élégante, le port aristocratique, le verbe posé, assis tranquillement dans un fauteuil, Sir Ridley Scott paraît prêt pour être immortalisé en peinture comme les vieux lords des siècles passés. À une nuance près. Cette petite étincelle de malice qui brille dans ses yeux. Elle trahit un esprit facétieux, rêveur, plus porté vers les étoiles et les étendues intergalactiques que vers les traditions flegmatiques.

Rien d’étonnant, dès lors, qu’il ait troqué sa tenue de gentleman-farmer contre celle, moins confortable et plus tape-à-l’œil, de cosmonaute pour un voyage dans l’espace et dans le temps. Car même s’il se défend mollement d’avoir tourné une préquelle, son nouveau film, Prometheus, ne peut cacher sa filiation pour le moins évidente avec la saga Alien.

J’ai visionné les trois précédents films de la série, qui ont de grandes qualités, formelles ou autres. Je pensais que la franchise était fondamentalement usée. De quand date le dernier Alien ?

De 1997.
En effet. Et depuis trois ou quatre ans, je me suis demandé pourquoi aucun film n’avait apporté de réponse à cette question : qui est ce monstre qu’on appelle depuis Alien 1 le Space Jockey ? Je n’ai pas la moindre idée d’où vient ce nom : c’est une créature immense et toute en structure osseuse. Donc, je suis allé voir la Fox en posant quatre questions. Qui sont les Aliens ? Pourquoi sont-ils là ? Pourquoi ce vaisseau spatial-là et où allaient-ils ou bien ont-ils en fait été obligés d’atterrir ? Cela a intrigué le patron du studio et je me suis mis au travail avec deux scénaristes, John Spaiths et Damon Lindelof. C’est intéressant de partir de ces interrogations sans savoir si cela va devenir une préquelle ou une suite. Progressivement, elles se mettent en perspective dans des questions bien plus larges et c’est ainsi que, désormais, le lien avec l’Alien original se trouve dans l’ADN même du film. À la fin du film, c’est tout à fait flagrant.

Pourquoi ne pas parler de préquelle, alors ?
Plus on avançait dans cette nouvelle histoire et moins j’étais incliné à admettre que c’était lié à l’histoire originale. Un des problèmes de la science-fiction, et c’est probablement la raison pour laquelle je n’en ai plus filmé depuis des années, tient au fait que tout a déjà été utilisé. Tous les types de tenues spatiales, de vaisseaux, de corridors ou de planètes semblent déjà familiers. Il faut donc se concentrer avant tout sur le récit et les personnages, afin de vous faire décoller, sans vilain jeu de mots. On a d’abord commencé avec des designs vieillots, qu’on a fait évoluer jusqu’à ce qu’on entende cet horrible mot : “cool”… Toutes ces transformations finissent par créer un ensemble qui paraît finalement assez différent de tout ce qu’on a déjà vu.

Sir Ridley, pensez-vous que votre film doit être classé tout public ?
Tout d’abord, cessez de m’appeler Sir Ridley. C’est bloody embarrassant ! Les studios ne cessent de se battre contre les limites d’âge pour toucher le plus large public possible. C’est arithmétique, cela affecte le box-office. Si les studios ne rentrent pas dans leurs frais, nous ne pouvons plus faire de film. Je les soutiens donc dans leur démarche et j’espère que le film connaîtra un grand succès. Pas seulement parce que je suis réalisateur, mais parce que je ne suis pas stupide : je suis depuis tellement longtemps dans ce métier que, d’une certaine manière, je suis un businessman. Je sais donc quel impact a sur nous tout l’échec d’une grosse production. Quand un blockbuster fait un triomphe, c’est excellent pour nous tous. Je pourrais vous parler pendant des heures de ces classifications par tranche d’âge, parfois dénuées de sens et franchement ridicules. Je pourrais vous donner un exemple mais… non, c’est un ami, je ne vais pas lui faire ça.


Patrick Laurent

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