Take Shelter

Origine:
  • États-Unis
Genre:
  • Drame
Public: Tout public
Année de production: 2011
Date de sortie: 01/02/2012
Durée: 1h56
Synopsis : Curtis LaForche mène une vie paisible avec sa femme et sa fille quand il devient sujet à de violents cauchemars. La menace d'une tornade l'obsède. Des visions apocalyptiques envahissent peu à peu son esprit. Son comportement inexplicable fragilise son couple et provoque l'incompréhension de ses proches. Rien ne peut en effet vaincre la terreur qui l'habite...

Avis des internautesdu film Take Shelter

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Publié le 25 février 2017
Folie ou cauchemars prémonitoires ? Sur ces deux hypothèses, Nichols parvient à semer le doute dans l'esprit du spectateur et nous livre en arrière-plan un portrait de l'angoisse familiale de l’Amérique.

Publié le 28 octobre 2012
J'ai eu la chance de voir ce film en dvd avec les commentaires en sous-titrage du réal et de l'acteur principal pendant tout le film. J'avoue que grâce à leurs comm' je comprends bcq mieux certaines prises/des petits détails qui ne sautent pas tjs aux yeux (la lampe, le collier de perles...) Malik devrait en faire autant :-) Beau film où je me suis demandée si la schizophrénie était-elle hériditaire. Bravo aux acteurs, film à voir, ça c'est sûr.

Publié le 12 mars 2012
Nichols poursuit le questionnement engagé par LVT et Malick : cette menace qui nous enserre est-elle réelle ou subjective? C’est un sujet en or pour le cinéma tant celui-ci s’est toujours donné pour mission d’être un révélateur de vérité cachée que lui seul peut donner à voir. L’évolution de Curtis est sur ce plan remarquable, tant il fait preuve de lucidité au milieu d’une indifférence générale, tout en sombrant peu à peu dans la folie. Folie définie ici comme purement arbitraire, un écart par rapport à la norme qui est de penser que tout est dans l’ordre (tout le monde est étrangement serein). Pour ses congénères, la conscience des choses se limite à un sens aigu de la réalité (elle est donc superficielle) dans une forme de résignation (on admet que les temps sont durs). Ce qui est évidemment en totale contradiction avec les visions de Curtis, que l’on peut légitimement extrapoler comme une vision sur l’état du monde. Quant aux qualités de mise en scène, l’entrelacement du quotidien (l’autre sujet du film, la force des liens familiaux), de représentations fantastiques et d’une mise en contexte (celui de l’Amérique sonnée par la crise) fonctionnent parfaitement. Ces superpositions de point de vue concourent à donner au propos toute son ambigüité quant à la réalité de ces phénomènes et à leur interprétation. En même temps ils ont acquis une telle force de persuasion pour le spectateur qu’ils ne peuvent être définitivement oubliés, c’est ce que la fin semble signifier. C’est toute la force du film, sa puissance symbolique.

Publié le 2 mars 2012
Le problème des films axés sur la schizophrénie aussi implicitement dès le début du film, c'est qu'il n'y a que 2 fins réellement possibles. Le film débouche donc sur ces 2 possibilités l'une à la suite de l'autre sans surprise. Bien sûr en dehors de ce "détail", tout le film est magnifique à pratiquement tous les points de vue (l'interpretation entre autres). A voir.

Publié le 9 février 2012
Stade (ultime?) de l'angoisse de la catastrophe annoncée : les prémonitions de Take Shelter (un Michael Shannon halluciné, aux traits plus burinés que jamais) qui feraient passer la tempête approchant de la finale de A Serious Man des frères Coen pour un crachin de matin belge. Les plans qui ouvrent le film sont emblématiques de notre époque de cinéma : un homme anxieux inspecte le ciel, y cherche des signes dans le tourment des nuages, comme les enfants sidérés de Super 8, comme Justine et Claire dans Melancholia, comme l'halluciné Fred Dorkel de La BM Du Seigneur, etc. Bien que le cinéaste s'en défende, éloignant la comparaison avec Malick sur le terrain de la religiosité pour se placer plus stratégiquement dans le sillon d'Hitchcock, il y a un côté “douze plaies d'Égypte” (comprenant chute d'oiseaux morts, pluie d'huile, tsunami) dans cet enchainement presque systématisé d'omens avant le cataclysme final. Mais on ne peut lui donner tort sur le plan dramaturgique, qui tient du thriller le plus classique et ouvert, avec en prime une belle scène onirique (ou pas ?) vers la fin entre le père et sa fille évoquant directement The Birds (1963). La réussite éclatante de Take Shelter réside en grande partie dans son mélange de genres et de ton particulièrement harmonieux dans sa première moitié, entre fantastique avec scènes de cauchemars enchâssées réminiscentes du Charme Discret de la Bourgeoisie (Luis Bunuel,1972), plongée subjective dans la psychose d'un homme ordinaire assailli de prévisions et notations personnelles sur le Midwest, forgeant une bonne fois pour toute l'expression de southern gothic. Situé entre l'univers des auteurs de Barton Fink et celui de M. Night Shyamalan (angoisse minimaliste, effets de surréel, Amérique provinciale super-moyenne), Take Shelter emprunte aussi à Lynch cette description ironique de la banlieue typique traditionnelle derrière laquelle sourd un paquet de névroses bien compactes. Cette ambivalence permet au film de se dérober gracieusement lorsqu'il s'agirait de le rattacher à une quelconque tradition. Utilisant un beau ressort du mélo social, Take Shelter s'attache dans sa seconde moitié à faire primer le thème de la cellule familiale qui se resserre autour du père défaillant, sans le moindre débordement de sentimentalisme ou de pseudo-vertus conservatrices que nous détestons tant ici. Le caractère programmatique de l'intrigue (la lente dérive d'un homme vers le délire survivalist, avec en parallèle une gradation d'obstacles extérieurs “arbitraires” : météorologiques, financiers, etc.) se voit heureusement désamorcé par des visions -pas d'autre mot- des visions comme le cinéma de genre en est plein, quitte à miser sur un systématisme de base qui induit une rhétorique du doute : doute de la focalisation narrative. Autre niveau de lecture, plus passionnant encore, celle d'un film sur le cinéma, car longtemps il s'agit de parier sur la vérité de Curtis (le personnage de Shannon) : ce qu'il voit et annonce est-il vrai ou s'agit-il d'un délire ? La question restera ouverte jusqu'aux toutes dernières images, et de là vient la dimension « méta » de la fiction : y croire ou pas, c'est tout le pari que fait un spectateur en allant voir un film ; accepté d'être guidé par un manipulateur, c'est la leçon mise en abyme du Vertigo de Hitchcock, ce que la présente allégorie de la caverne (séquence dans l'abri) explicite clairement. Nichols règle ces oscillations de narrateur avec une précision diabolique. Là, le film rejoint son argument nostradamusien, jusqu'à se saturer dans la scène du où Shannon donne la pleine mesure colérique et prophétique de son personnage. Avec des nuances naturalistes plus douces, mais au fond tout aussi remarquable, Jessica Chastain prolonge presque son rôle d'épouse parfaite échappée du paradis terrestre de Tree of Life, tout en se décollant de la “voie de la grâce” malickienne dont le présent film interroge sur le caractère schématique. Il faut la voir, dans la scène précitée, enlacer son mari et porter littéralement ce grand gaillard de deux mètres en larmes sur son épaule vers la sortie, avec une commisération toute particulière, ou tenir tête à la folie à ce même époux pour parvenir à sortir de l'abri, en le traversant du regard. Je me souviendrai longtemps du 2-shots de dos qui conclut la scène du couple, plan très simple et très beau, observant leur fille dormir vers la dixième minute : moment purement descriptif d'une quiétude absolue, renforçant le contraste avec la scène qui suit. Les résolutions de ces séquences sont toujours apaisantes, jusqu'à l'ironie de ce qu'il convient d'appeler un happy-end. A la seule force de sa mise en scène, Nichols peut tout autant nous inquiéter terriblement avec un léger travelling avant vers les portes ouvertes d'un abri anti-tempête dans un jardin à la tombée de la nuit. Mais ce qui fait de Take Shelter un film important (le premier de 2012), c'est encore son actualité brûlante : l'utilisation de la crise économique comme moteur narratif secret n'a rien d'un surf de thématique de société pour un débat au café du coin. Et à savourer son précipité d'apocalypse, on jurerait que Moretti, Von Trier, les Coen et Nichols (entre autres) se sont mis d'accord pour unir leurs efforts pessimistes vers cette morale de la crise -ou cette crise du moral. Si vous n'êtes plus allé au cinéma depuis quelques temps, sachez-le tout de même : la fin du monde est pour demain.

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