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"Donner envie de voir le monde"

Publié le 24 décembre 2013 dans Actu ciné

Avec La vie rêvée de Walter Mitty, Ben Stiller réalise son film le plus abouti, tantôt drôle, souvent touchant. A cette occasion, Patrick Laurent a rencontré l'acteur/réalisateur.
Même s’il ne verse pas toujours dans la subtilité et se complaît parfois dans des comédies tellement formatées qu’elles ne dépassent guère le niveau d’un téléfilm agrémenté de rires préenregistrés, Ben Stiller est certainement un des acteurs comiques les plus intrigants d’Hollywood. Capable de faire rire le plus grand nombre avec Mon beau-père et moi ou La nuit au musée, de délirer dans l’autoparodie (Tropic thunder) et même d’étonner tout son monde avec Au nom d’Anna ou sa première réalisation, Reality bites. La vie rêvée de Walter Mitty, qui marque son cinquième passage derrière la caméra, entre clairement dans cette dernière catégorie. A 48 ans, Ben Stiller signe son œuvre la plus aboutie. La plus touchante aussi.

"Le film tourné en 1947 avec Danny Kaye fait partie de ceux qui m’ont fait aimer le cinéma. J’étais persuadé de pouvoir faire du remake un révélateur de notre époque. Les thèmes et le ton sont très modernes. Le journalisme ou le cinéma ont beaucoup changé en 30 ans. Tout doit aller plus vite, être plus résumé. Ce n’est ni une comédie ni un film sérieux, ni même un film politique : il traduit juste l’évolution économique de notre époque et son impact sur nos comportements. Pour moi, l’histoire de ce type qui se lance à la poursuite de ses rêves enfouis au moment où il devient obsolète au travail, par la faute du passage au numérique de son magazine papier, est très touchante. Nous vivons dans un monde qui change beaucoup, vite, et c’est effrayant. Mais cela peut aussi devenir une opportunité de devenir celui qu’on voulait vraiment être".

Beaucoup de gens se reconnaissent en ce grand rêveur…

"C’est certain. On n’ose jamais l’avouer, mais nous avons tous des moments d’absence durant lesquels nous rêvassons. Quel que soit notre âge. D’autres apprécient le fait qu’il vive l’instant présent sans toujours se soucier de l’avenir. Les plus jeunes, eux, semblent touchés par le fait qu’il plaque tout pour partir en voyage, tenter des expériences nouvelles. Moi, je suis très sensible au fait qu’il quitte son univers virtuel - il voyait le monde à travers les photos d’un autre - pour explorer par lui-même. C’est intéressant dans une époque de transition…"

Vous espérez que le public suive cet exemple ?

"Ce serait génial, mais en tant que cinéaste, ce n’est pas mon but. Je ne pense d’ailleurs pas avoir ce pouvoir. L’objectif est avant tout de donner du plaisir. J’aime qu’un long métrage vous sorte de vous-même, vous donne envie de voir le monde et vous touche émotionnellement par son histoire."

C’est pour cette raison que les images sont à ce point léchées ?

"Walter a passé sa vie à regarder des images. Méticuleusement. Il est donc très sensible à la beauté. Ce sont les clichés qui lui donnent envie de s’évader et de partir à l’aventure. Cela devait se voir à l’écran. C’est l’ADN même du récit. Comme dans les films de Frank Capra, mon réalisateur favori."

Pourquoi avoir choisi Sean Penn comme photographe ?

"J’avais besoin de quelqu’un qui incarne la créativité, l’intégrité et aussi un certain esprit de rébellion."

Est-ce que Ben Stiller le réalisateur trouve Ben Stiller l’acteur facile à diriger ?

"C’est parfois un peu frustrant de ne pas pouvoir être à deux endroits en même temps. Mais en tant qu’acteur, j’essaie toujours de simplifier la tâche du réalisateur. C’est dur : jouer la comédie est une chose étrange. Quand on ne vous dirige pas, il faut tenter des expériences, avoir des idées. Mais ce qu’il faut vraiment garder en tête, c’est l’interaction avec le public quand on est à l’écran. Ce qui est plus compliqué quand on ne dispose pas d’un regard extérieur."



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