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Vu à Cannes : "Sarah préfère la course" de Chloé Robichaud

Publié le 22 mai 2013 dans Actu ciné

Nouvelle venue québécoise, Chloé Robichaud présente un film à l'image de son héroïne : rigoureux, direct, discipliné. Un beau premier sprint, qui l'a conduit jusqu'à la section Un Certain Regard.

Sur un écran noir, le bruit rythmé de pas de course sur de la terre battue. Un groupe de jeunes filles s'entraînent sur une piste d'athlétisme. En tête, Sarah (Sophie Desmarais, également à l'affiche à Cannes du Démantèlement de Sébastien Pilote), 20 ans, droite comme un I, concentrée à l'extrême. Sarah aime la course. Elle l'aime tellement qu'elle est prête à beaucoup, sinon à tout. Elle veut intégrer une équipe universitaire à Montréal mais ses parents n'ont pas les moyens de lui payer le logement ? Elle accepte la proposition d'Antoine de partager le sien. L'entraînement implique des frais supplémentaires et Sarah veut consacrer tout son temps à ce dernier ? Elle fait un mariage blanc avec Antoine, parce que l'Etat offre des bourses aux jeunes couples encore aux études. Et quand les réalités de son âge la rattrapent ou que les risques physiques apparaissent, Sarah continue de préférer la course.


La Québécoise Chloé Robichaud signe un premier long métrage qui effectue une boucle circulaire et qui, comme Sarah, ne dévie pas de la ligne fixée dès son titre. Rigueur tout à fait louable et qui révèle déjà une réalisatrice prometteuse, dont la place dans la section officielle cannoise Un Certain Regard est amplement justifiée. Bien sûr, il faudra encore muscler tout ça, éprouver l'endurance de l'inspiration, peut-être assouplir un peu la discipline pour laisser la magie des accidents insuffler un peu plus de vie à l'ensemble. On passera sur l'écho, de ce côté-ci de l'Atlantique, de Des épaules solides d'Ursula Meier – autre premier film, autre réalisatrice, autre histoire de la solitude d'une coureuse de fond.


Et si la dimension austère du récit pourra paraître excessive, on soulignera que Sarah est une nonne, tout entière dévouée à son sport, qui transparaît jusque dans le choix, évidemment explicite, de désaturer toutes les couleurs, de ne montrer que des lieux aux architectures austères et déshumanisées, et d'imposer le gris comme uniforme à la jeune sportive. Jusqu'à ce qu'une pointe de couleurs apparaisse. Et si le choix final de Sarah pourra paraître irresponsable, il dénote aussi le début de l'autonomie pour la jeune fille.


Réalisation et scénario : Chloé Robichaud. Avec Sophie Desmarais, Jean-Sébastien Courchesne, Geneviève Boivin-Roussy,... 1h37


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