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Vu à Cannes : "Behind the Candelabra" de Steven Soderbergh

Publié le 21 mai 2013 dans Actu ciné

Michael Douglas et Matt Damon, excentriques et exemplaires dans ce qui est annoncé comme le "dernier film" de Steven Soderbergh.

Le candélabre, c'est la marque de fabrique de Liberace, l'accessoire posé sur son piano à facettes trônant sur l'immense scène d'un casino de Las Vegas dont il fut une des plus célèbres attractions durant les années 60, 70 et 80. Parce qu'il avait le sens du public, parce qu'il aimait lui en mettre plein la vue. Avec ses doigts bagouzés sprintant d'un bout à l'autre du clavier et du répertoire, mais aussi avec ses costumes extravagants et ses mises en scène strassantes. Une sorte de Lady Gaga de l'époque, d'ambassadeur du kitsch.


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Soderbergh emballe tout cela dans une séquence et passe derrière le candélabre, en coulisses, à la rencontre du personnage haut en couleur. Il emmène avec lui, un jeune gay venu de la campagne, complètement ébloui, même aveuglé par le luxe tapageur du palais vegasien de l'artiste. Celui-ci aime la chair fraîche et ne tarde pas à en faire son amant. Commence alors une trouble histoire d'amour, d'amours même. Liberace ne se contente pas de vouloir être le partenaire du jeune Scottie, il entend aussi être son père au point de vouloir l'adopter. Ballotté toute son enfance d'une famille d'accueil à l'autre, Scott se trouve ainsi un foyer. Mais Liberace veut un amour qui lui ressemble, au point de solliciter la chirurgie esthétique, comme s'il voulait faire l'amour avec sa propre image fantasmée, avec lui-même.


Soderbergh propose tout à la fois un biopic, une love story gay à une époque où l'homosexualité reste un tabou et un portrait de Vegas, côté scène, ce qui change des joueurs à la dérive et les mafieux qui comptent leurs billets ou creusent des tombes dans le désert. Le rôle de Liberace est évidemment un sacré défi que Michael Douglas a la bonne idée de relever sans en rajouter dans l'excentricité. Du sur mesure pour le prix d'interprétation. Il a jusqu'à présent un seul challenger : Oscar Isaac, le folksinger du film des Coen. A moins que Matt Damon ? Il parvient à être subtil et touchant dans la peinture flashy de ce jeune homme qui s'enfonce dans la confusion. 


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Soderbergh prétend qu'il s'agit de son dernier film, son générique de fin au cours duquel Liberace décrit le cœur de sa relation avec Scottie, a des échos d'une déclaration d'amour du réalisateur aux spectateurs.


Fernand Denis, à Cannes


Réalisation : Steven Soderbergh. Avec Michael Douglas, Matt Damon, Rob Lowe... 1h58

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