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Vu à Cannes : "Blue Ruin" de Jeremie Saulnier

Publié le 18 mai 2013 dans Actu ciné

Déjà auteur d'une comédie d'horreur remarquée (Murder Party), le New-Yorkais Jeremie Saulnier a présenté à la Quinzaine des Réalisateurs son second long métrage, Blue Ruin, un film de vengeance qui devrait réjouir autant les amateurs du genre que les cinéphiles allergiques au tout-venant hollywoodien. 

Après Salvo, révélé à la Semaine de la Critique, Blue Ruin rappelle combien les films de genre servent bien souvent de vecteur aux ambitions artistiques de réalisateurs faisant leurs premières armes sur des longs métrages, autant une manière de rendre hommage à leurs souvenirs cinéphiles que de faire leurs gammes autour de partitions connues.


L'épave bleue du titre, c'est la vieille Pontiac où dort nuit après nuit Dwight (Macon Blair, parfait), SDF hirsute et barbu qu'une policière compréhensive vient chercher un matin. Elle lui annonce une nouvelle bouleversante : l'homme qui a assassiné les parents de Dwight va bientôt de sortir de prison. L'ermite mutique reprend alors la route avec pour seul objectif de venger les siens.


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Là où d'autres tiendraient tout un film sur ce précepte, Saulnier va droit au but, expédiant l'assassin en une scène de meurtre incisive et âpre. Mais commence alors pour Dwight un enchaînement d'événements qui vont déboucher sur un cycle de violence dont personne ne sortira indemne.


Blue Ruin est le genre de film noir qu'Hollywood affectionnait jusque dans les années 50 : un personnage ordinaire se dirige inéluctablement vers un destin fatal. Dwight n'est pas un Charles Bronson : physique empâté, rasé de frais, il ressemble à un comptable un peu gauche. Sa vengeance s'improvise kilomètre après kilomètre, avec le même instinct qui l'a aidé à survivre comme SDF pendant dix ans. Saulnier n'hésite pas à instiller un peu de gore ou de brusque éclat de violence. La mort, quand elle survient, est tantôt sale, tantôt brutale. Jamais spectaculaire.


Sans vouloir délivrer un message, il est indéniable que Jeremie Saulnier médite sur la loi du Talion, et observe avec recul la passion de la majorité de ses compatriotes pour les armes. S'il ne tranche pas – un ami d'enfance de Wright (Devin Ratray), lui-même expert avisé, sera d'un grand secours – Saulnier semble suggèrer que sans arsenal domestique à portée de main, les comptes entre les familles de Wade et de Dwight se seraient peut-être soldés autrement.


Alain Lorfèvre, à Cannes


Réalisation et scénario : Jeremie Saulnier. Avec : Macon Blair, Devin Ratray, Amy Hargreaves... 1h32

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